Oeuvres
de Jacques Guitton à la galerie l’Embellie à Montreux
La
vie au-delà des fenêtres
C’est
en peintre et verrier que l’artiste français Jacques Guitton
expose pour la première fois à Montreux. Œuvre spirituelle et
mystérieuse.
Jacques
Guitton, qui a vécu de longues années au Liban et en Afrique,
transpose dans ses peintures de signes de cultures diverses. Le
thème de la fenêtre, aux cadres concentriques, rappelle aussi
les cours et déambulatoires des cloîtres ou des maisons
orientales.
Les
bleus et les verts profonds et lumineux qui imprègnent les
sujets ont certes une connotation mystique, mais également une résonance
exotique.
De
ces tons intenses, filtrent des lumières jaune d’or ou
jaillissant des traits fulgurants, blancs ou rouges, d’intuition
ou de révélation. Les fenêtres apparaissent ainsi comme des
percées, des ouvertures vers quelque chose d’incandescent, sur
des surfaces noires nervurées, évoquant les “grattages”sur
bois de Max Ernest, des signes calligraphies inscrivent le mystère,
ou l’éternité du serpent enroulé.
Fenêtres
sur ailleurs.
Le
maître verrier met son art au défi de l’opacité en créant
des fenêtres auxquelles il impose un au-delà poétique et
symbolique. Derrière le quadrillage du plomb, des photos de mer
et de ciel ouvrent un espace infini de scintillements. Le temps
de galets blancs coule au travers d’un sablier qui, comme l’athanor
de l’alchimiste, les passent au noir avant de les restaurer
dans leur pureté.
La
roue du destin ou l’horloge, fait tourner 12 cartes colorées
comme des oracles autour d’une aire de plomb balafré d’une
spirale d’encre noire. Les verres noir, bleu, ivoire, ou
peints, s’allient au papier et aux photos, et jouent sobrement
de leurs tons avec le réseau de plomb. Tel l’entrelac de verre
ivoirin frappe d’un tressage de lames de plomb. Travail d’une
sensibilité et d’une noblesse impressionnantes.
Mireille Schnorf.
LA PRESSE RIVIERA/CHABLAIS
Vendredi 11 Septembre 1998
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