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Creation et Symbolisme de l'Art Sacré (suite)
Pour m’exprimer, j’utilise les deux moyens qui sont à ma
disposition: le matériau- qu'est le verre antique- et le
graphisme. Pour le verre, je recherche, en fonction du bâtiment
qui me reçoit, l'association d'une palette de couleur de telle
manière que la résultante qui m'est donnée- grâce à la lumière
du soleil-, soit une atmosphère favorable à la méditation et
à la prière. Quant au graphisme, ou dessin, je suis en complète
harmonie avec l'esprit de Saint-Bernard DE CLAIRVEAUX, qui
imposait le "non-figuratif" dans les vitraux. En effet,
il pensait que la représentation de personnages, avec ou sans décor,
distrayait le fidèle de sa prière - je retrouve cet état
d'esprit dans le symbolisme de l'Art Maronite Antique, sous
l'influence initiale de Saint-Siméon le stylite. En vérité,
les premiers artistes phoeniciens trouvaient, selon Henri Seirig,"
plus expressif de substituer à l'image l'attribut qui leur
paraissait incarner la puissance de Dieu".
Toute création religieuse doit avoir pour but unique de
focaliser l'esprit vers Dieu. Le moyen le plus sûr d'accéder à
Dieu est la prière dans le recueillement le plus absolu. Les
obstacles inutiles à cet état doivent donc disparaître et ceci
pour aller à l'essentiel. Par voie de conséquence tout ce qui
est anecdote est non seulement superflue mais "superfétatoire".
A la limite je dirai que des vitraux racontant l'histoire d'un
personnage de la Bible distrait de la prière ou de la messe. Le
regard est pris par un paysage ou son détail, un vêtement, une
architecture.
Dans la méditation, Saint Ignace de Loyola veut le développement
de sa propre imagination. Par cet exercice, il demande
recueillement, don de soi, interiorité pour une seule finalité:
la rencontre d’avec Dieu. Sainte Thérèse d’Avila demandait
la même recherche personnelle, ce qu’elle appelait: le château
de l’âme. Un vitrail, toutes proportions gardées, dans la
recherche de sa création, doit obéir à cette démarche
spirituelle. Il aide ainsi, par sa sobriété et la lumière qu’il
dégage, le fidèle à sa prière. Il s'agit de révéler des
significations et non se laisser porter par l'opinion ou l'humeur
du moment. En d'autres termes, je veux dire qu'il faut aller au-delà
de l'anecdote du figuratif pour atteindre les sommets de l'âme...ou
accéder aux profondeurs du Mystère de Dieu.
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