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Creation et Symbolisme de l'Art Sacré (suite)
Un travail sans concession d'aucune sorte impose une discipline
et un ordre moral supérieur. Le code de déontologie de
l'artiste, surtout lorsqu'il s'agit d'art sacré, se doit d'être
sans défaut et sans faille. Seule la recherche de Dieu dans
l'esthétique, sans aucun soucis de compromis, doit être la Voie
Sacrée du peintre. Seule sa conviction, intime, profonde doit le
guider; car il a cette responsabilité illimitée: c'est lui qui
sait et personne d'autres. La beauté d'une oeuvre d'art se définit,
entre autres, par la spontanéité de sa naissance. Et cette
beauté se confirme ou s'infirme après le passage des années et
des siècles. Le fait de faire une copie ou une pseudo-création
d'inspiration ancienne supprime toute spontanéité.
Voilà le premier écueil. Le second, plus dangereux, est celui,
immédiat, de se voir confronté avec la source même de son
inspiration: l'oeuvre originale qui la sous-tend. Et qui peut se
targuer de faire seulement aussi bien que l'inspirateur? Nul ne
le peut, cela je l'affirme haut et fort. Ecrire l'infini avec des
mots simples; dessiner l'infini avec des traits simples; penser
l'infini avec des images simples; peindre l’infini avec des
couleurs simples: c'est prendre le chemin le plus droit qui accède
à la pneumatosphère. Le chemin le plus droit mais le plus
difficile car il faut élaguer tout ce que l'on croit et acquérir
sa propre expérience par un vécu personnel.
C'est pourquoi tout artiste se doit de trouver un autre moyen
d'extérioriser cet impalpable qui est en lui, ceci avec les
moyens, les techniques et le language de son époque.
Certainement, à écouter les désirs du public, nous n'aurions
connu qu'un style pour le répéter indéfiniment. N'oublions pas
non plus qu'à leur époque, Beethoven n'était pas aimé, Wagner
était incompris, que Bach était apprécié, non pas pour ses géniales
inventions mais pour sa virtuosité d'instrumentiste...La liste
est loin d'être exhaustive. Il me vient une douce constatation:
les critiques se sont plus trompés que les artistes.
Vivre dans son époque pour la comprendre, la marquer pour la
fixer, l'aimer pour la matérialiser sans renier le passé qui
doit servir de fondation; créer en son temps et pour son temps
afin de servir Dieu aux mieux de nos compétences car Il nous a
fait naître Hic et Nunc; Il nous confie maintenant une charge à
laquelle nous n'avons pas le droit de nous dérober. Compromettre
cet Art qui est au service de l'Eglise, c'est tricher avec Dieu.
Je vous laisse juges des conséquences d'une telle prise de
position intellectuelle, morale et artistique. En tout cas, elle
n'est pas la mienne.
En fait, le figuratif impose une image donnée qui s'impose
d'elle-même. Pour ma part, je préfère créer un sujet-graphisme,
suffisamment universel, suffisamment libre, pour que chacun
essaye de découvrir le mystère qui s'en dégage. Le vitrail
n'est donc plus un tableau cloisonné dans son sujet, mais un
chemin ouvert que chacun emprunte et grimpe à sa manière, à
son rythme et à sa culture.
Le beau est la révélation de l'intuition de l'existence de Dieu.
Dieu est universel, donc l'écriture qui est censée Le glorifier
doit-elle être la plus universelle possible.C'est à travers ces
symboles, les plus simples qui soient, agencés dans une
eurythmie répondant aux quelques lois de l'esthétique, que le
message doit être donné en filigrane, c'est ce que j'appelerai
la soumission à un "ordre intérieur".
Plutôt que non-figuratif, il faut penser en terme d'abstraction
pour faire pressentir, et après méditation, ressentir le mystère
caché derrière les apparences. Jésus a enseigné par paraboles
et la parabole est la forme absolue de l'abstraction. Mais
l'abstraction, en art sacré, ne se suffit pas en elle-même. Au
même titre que si je vois l'image d'un saint je n'éprouve pas
forcément un élan mystique, il me faut surtout connaître et pénétrer
ses idées saintes qui me serviront de tremplin à l'accession de
Dieu .
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