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Creation et Symbolisme de l'Art Sacré (suite)
En tout état de cause, cet art que j'offre à l'humanité,
j'essaye de lui donner noblesse et puissance. J'insère ce qu'il
me semble être mes qualités de coeur. J'élève un hymne ou une
incantation, dans une recherche permanente d'un idéal. Le moteur
unique qui me fait avancer est l'Amour, celui qui donne aux
hommes et qui combat l'ignorance et les ténèbres.
"Tu es né poussière et tu retourneras poussière".
Voilà ce qui définit la précarité de l'Homme dans sa
faiblesse. Mais ce grain de poussière n'est-il pas matière en
soi? Donc puissance potentielle? Et si nous rassemblons ces
grains de poussière en force de cohésion incoercible, ne créons-nous
pas le roc, cette molécule de montagne? Et toute chose est la
division et la multiplication d'un tout et de l'unité. Voilà
comment je m'imagine les bâtisseurs de cathédrales et d'églises:
des hommes conscients d'être le miroir de Dieu, Lui élevant un
bâtiment, empilant des pierres taillées (poussières d'hommes),
elles-même cimentées par la Foi et la Sueur: des hommes
sculptant des Hommes. Et l'abbaye, ce tantième de montagne mais
multiple de poussières, n'est-ce-pas l'Homme intemporel veillant
l'homme charnel, ce cénobite amoureux du silence (Dieu), de la
Nature (Dieu), de Dieu (Homme), de l'Homme (Dieu). Mais sommes-nous
sensibles au silence de la nature de Dieu en l'Homme ou sommes-nous
impuissants à constater la nature du silence de l'Homme en Dieu?
Et nous, artistes d'aujourd'hui, qui apposons nos vitraux, sommes-nous
conscients de cet héritage immense scellé par cette Foi et
cette Sueur?
J'ai cette foi dans l'harmonie pour la réussite d'un vitrail.
Ces convictions sont à la base de mon travail: elles m'engagent
personnellement. Je suis convaincu que mes idées en cette matière
sont celles qui sont les plus élevées puisque je les puise aux
sources de la Foi qui édifia cathédrales et monastères. Je
terminerai en disant qu'un vitrail n'est pas religieux par son
sujet ou sa technique, mais par son esprit: aussi le Grand
Oeuvre, au fil des années, doit se détacher de plus en plus du
temporel pour se diriger vers l'éternité et, au lieu de
s'adresser à quelques hommes, se dévoiler à l'humanité toute
entière. Ces convictions, je les possède et elles me possèdent
car j'ai été à l'Ecole des plus grandes et des plus belles
cathédrales du monde, les cathédrales de France. Mes Maîtres,
ceux qui m'ont enseigné le génie de mes prédécesseurs, ont
tous travaillé ou médité à Amiens, Senlis, Bourges, Paris,
Reims, Chartres.
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